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Epicure, Lettre à Ménécée (-300 ?)


Différent types de plaisirs :

  « Il faut, en outre, considérer que, parmi les désirs, les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, les autres naturels seulement. 

  Parmi les désirs nécessaires, les uns le sont pour le bonheur, les autres pour l’absence de souffrances du corps, les autres pour la vie même. En effet, une étude de ces désirs qui ne fasse pas fausse route, sait rapporter tout choix et tout refus à la santé du corps et à l’absence de troubles de l’âme, puisque c’est là la fin de la vie bienheureuse. 

  Car c’est pour cela que nous faisons tout : afin de ne pas souffrir et de n’être pas troublés. Une fois cet état réalisé en nous, toute la tempête de l’âme s’apaise, le vivant n’ayant plus à aller comme vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose par quoi rendre complet le bien de l’âme et du corps.

  Alors, en effet, nous avons du plaisir quand, par suite de sa non-présence, nous souffrons, mais quand nous ne souffrons pas, nous n’avons plus besoin du plaisir. Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse. »



Plaisir & Bonheur :

  « Quand donc nous disons que le plaisir est la fin, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés ni de ceux qui consistent dans les jouissances – comme le croient certains qui, ignorant de quoi nous parlons, sont en désaccord avec nos propos ou les prennent dans un sens qu’ils n’ont pas –, mais du fait, pour le corps, de ne pas souffrir et, pour l’âme, de ne pas être troublée.

  En effet, ce n’est ni l’incessante succession des beuveries et des parties de plaisir, ni les jouissances que l’on trouve auprès des jeunes garçons et des femmes, ni celles que procurent les poissons et tous les autres mets qu’offre une table abondante, qui rendent la vie agréable : c'est un raisonnement sobre, qui recherche la connaissance exacte des raisons de tout choix et de tout refus, et qui rejette les opinions à partir desquelles une extrême confusion s’empare des âmes.


  Or le principe de tout cela et le plus grand bien, c'est la prudence. C'est pourquoi la prudence est plus respectable encore que la philosophie, car elle entraîne naturellement tout le reste des vertus, enseignant qu’il n’est pas possible de mener une vie agréable, qui ne soit pas prudente, belle et juste, pas plus que la vie ne peut être prudente, belle et juste si elle n’est pas agréable. Car les vertus sont naturellement liées à la vie agréable et la vie agréable en est inséparable. »

Epicure, Lettre à Ménécée

Philosophie du bonheur

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